Au sud de Lille, l’impressionnante charpente métallique de Lillenium – un complexe de 120 000 m² mixant commerces, restaurants et bureaux dont l’ouverture est prévue en avril 2020- a nécessité un gros travail de modélisation. Notamment pour éviter les bévues au moment de la pose.
Rudy Riccotti a été sympa avec les collaborateurs de Steeleom. Basé à Nanterre, près de Paris, ce bureau d’études, filiale de Vinci Construction France, a conçu la charpente métallique du projet Lillenium. Une réalisation hors-norme qui, conformément aux plans de l’architecte parisien, restera bien visible. « L’inverse eut été frustrant ! Des charpentes comme celle-là, on n’en voit pas tous les jours », souffle Jean-Yves Lorthoir, directeur de Steeleom. Les chiffres sont parlants : 76 arches de longueurs différentes, allant de 6 et 50 mètres de portée, pesant jusqu’à 5 tonnes pour les plus lourdes d’entre elles. Une structure ondulée destinée à recevoir les boudins de ETFE (Ethylene tetrafluoroethylene) transparent qui laissent passer la lumière naturelle sans effet de serre.

ARCHES SUR ANCRAGES
Fabriquées en quatre mois par le groupe Saniez à Solesmes dans le Nord, les 250 pièces en acier au carbone thermolaqué de cette charpente ont été assemblées sur le site. Au sol, mais maintenues en position debout grâce à des portiques en béton.
Le véritable challenge ? La pose des arches sur leurs ancrages ! « A partir du moment où elle est levée en l’air, une arche de 50 mètres peut se déformer de 40 à 50 cm du fait de son poids. Or notre tolérance de pose était de 16 millimètres », se souvient Jean-Yves Lorthoir. Raison pour laquelle des simulations avaient été effectuées en amont afin d’anticiper au plus juste les déformations de la structure. D’une surface de 8000 m2 , la toiture survole les trois bâtiments de hauteur différentes – centre commercial et bureaux – composant le complexe.

La modélisation a aussi entraîné de légères adaptations par rapport au plans initiaux de l’architecte. « On a remonté au maximum la charpente pour obtenir un galbe optimum empêchant l’accumulation éventuelle de neige » ajoute Ali Louni, directeur de projet chez Sogea Caroni (filiale de Vinci), l’entreprise générale en charge des travaux. En dehors de cette modification, l’intérêt du métal a été de réussir à coller au désir de l’architecte : un bâtiment épuré, offrant une impression de légèreté et le sentiment d’être à l’extérieur pour ses usagers. Ce qui eut été impossible avec du bois ou du béton. « C’est tout l’intérêt du métal : rendre possible des dessins d’architectes à première vue très complexes » souligne Jean-Yves Lorthoir. Et tant pis, si les six passerelles déambulatoires de 20 à 40 mètres – l’autre réalisation en acier du chantier – sont habillées.
Lillenium reste LA vitrine du bureau d’études pour convaincre les promoteurs des bienfaits du métal.
FICHE CHANTIER
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