Le réseau Procivis Nord poursuit sa mutation d’envergure. Le groupe aux multi-métiers de l’immobilier double quasiment de taille cette année en prenant la majorité du promoteur Nacarat. Et change d’identité pour mieux se développer en devenant Groupe Tisserin. Par Julie Dumez
Tisserin : « petit oiseau qui édifie des nids suspendus, finement tissés ». En choisissant ce nouveau nom, l’ex-Groupe Procivis Nord défend une vision de l’immobilier chargée de symbole. Celui d’un acteur aux multiples métiers, de l’immobilier tertiaire au logement social en passant par la maison individuelle et le syndicat de copropriété, impliqué dans la vie de la cité et engagé. A la manœuvre de ce changement profond, Ludovic Montaudon. En poste depuis 18 mois, passé par les bailleurs sociaux comme chez les promoteurs, il pilote un groupe de quelque 240 collaborateurs pour près de 115 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Soit une véritable galaxie en plein renouveau.

Nacarat entre dans le giron
Dernier chamboulement en date, le rachat de Nacarat. Le groupe Tisserin a pris une participation majoritaire de 81% du promoteur immobilier, le reste étant conservé par Rabot Dutilleul. « Ce rapprochement nous permet de nous implanter dans les grandes métropoles françaises », décrypte Ludovic Montaudon. C’est aussi le partage de valeurs d’entreprise du Nord, avec un attachement au territoire, qui l’a séduit. « Le BTP et l’immobilier ont un rôle à jouer dans la transformation de la société lié au changement climatique. Nacarat a été pionnier en terme de développement durable, d’innovation. Des process que nous comptons bien développer dans le Groupe Tisserin ».
Utilité sociétale
Car plus que la croissance pour la croissance, le groupe a à cœur de graver « l’utilité sociétale de ses actions. Nous ne versons pas de dividendes à nos actionnaires. En contre-partie, nous réinvestissons dans le groupe vers des missions sociales. Cela, toujours au profit de l’habitat pour avoir un impact sur la société et vers les plus fragiles », détaille le dirigeant. Concrètement, cela peut se traduire avec des prêts à taux 0 pour favoriser l’accession à la propriété, de l’adaptation au logement pour des personnes en situation de handicap. Ou encore, de la rénovation de logements ou d’aides pour la réhabilitation de copropriétés dégradées. « Le groupe Tisserin est ancré dans l’économie sociale et solidaire avec des réflexes de longs termes », argumente le patron.
Passer la crise
Désormais réunies sous le même étendard, l’ensemble des marques poursuit des stratégies déjà bien établies. La branche logement social, plus connue sous le nom de SRCJ, rebaptisée Tisserin Habitat envisage toutefois de lancer un plan d’accélération de rénovation de son patrimoine. L’arrivée d’un directeur du développement durable est d’ailleurs prévue.
Du côté de Tisserin Promotion (ex-Pierre & Territoires de France Nord) et Nacarat, la crise du Covid risque de retarder la commercialisation et donc la production des opérations. Sans compter, « les contraintes d’obtention des permis de construire ». Des craintes partagées pour le secteur de la maison individuelle. Il s’agit donc de « passer la crise en gardant nos forces vives ».
Mais Tisserin pourra sans nul doute s’appuyer sur ses multiples métiers. « Une chance incroyable ! Nous prenons le meilleur de chacun ce qui nous permet de générer de la mixité et de viser un spectre de client plus large ». De quoi engendrer des synergies qui rendent les choses intéressantes ».
Une fondation et un office foncier solidaire sont d’ailleurs dans les tuyaux. Petit à petit, l’oiseau fait son nouveau nid.
